Le burn-out est le syndrome d’épuisement professionnel qui résulte d’une surcharge de travail. Au contraire, le bore-out est une forme d’épuisement professionnel provoqué par l’ennui et une sous-charge de travail. Le brown-out, quant à lui, est la forme d’épuisement professionnel provoqué par une perte de sens. 

Outre ces définitions succinctes, quelles sont les différences, mais aussi les similitudes, entre ces différentes formes d’épuisement professionnel ? Afin de mieux pouvoir les distinguer et les repérer, nous vous proposons notre décryptage !

Différentes formes d’épuisement professionnel

Les 3 b.-out : étymologies et traductions

Ces trois pathologies ont en commun d’être des formes différentes de l’épuisement professionnel. Pourtant, en français, le syndrome d’épuisement professionnel ne désigne que le burn-out car il s’agit de la première pathologie a avoir été identifiée.

Les deux autres, bore-out et brown-out, tirent leurs noms de la première, afin de souligner l’analogie entre elles. 

➤ Le burn-out provient de to burn out  : s’éteindre, s’arrêter par manque de carburant, d’énergie,

➤ Le bore-out vient de to bore : ennuyer, auquel on a ajouter le suffixe -out par référence au burn-out,

➤ Le brown-out quant à lui est un emprunt au vocabulaire de l’énergie. En anglais un brown-out désigne le fait de baisser, volontairement ou non, l’intensité électrique afin d’éviter la surchauffe. Le rapport avec la perte de sens réside ici dans la baisse d’énergie et d’engagement que la pathologie du brown-out provoque.

Dans leurs traductions françaises,  on précise d’ailleurs l’origine de l’épuisement : par l’ennui ou par la perte de sens. Ainsi, si l’on voulait être extrêmement exact, il faudrait désigner le burn-out non pas comme le syndrome d’épuisement professionnel mais comme le syndrome d’épuisement professionnel par surcharge de travail.

Des facteurs de RPS différents

Burn-out, bore-out ou brown-out obéissent à une logique similaire : la confrontation d’un travailleur à un ou plusieurs facteurs de risques psychosociaux, RPS dont les conséquences peuvent aboutir à l’épuisement du travailleur. Pour comprendre les divergences et convergences de ces pathologies, il est nécessaire de bien distinguer les différences entre :

  • facteurs de RPS
  • RPS
  • Conséquences des RPS
La différence entre facteurs de RPS, RPS et conséquences des RPS

Ce que ces différents termes mettent fondamentalement en avant est le RPS à l’origine de cet épuisement :

➤ Le burn-out provient d’une surcharge de travail et du surinvestissement qu’elle peut susciter,

➤ Le bore-out provient d’une sous-charge de travail et de l’ennui chronique qui peut en résulter,

➤ Le brown-out provient d’une perte de sens du travail et de la perte d’engagement que cette perte provoque.

Un nom a été donné à ces formes particulières d’épuisement professionnel car ce sont les plus fréquentes. Néanmoins, il est possible d’imaginer qu’à terme, un nom spécifique soit donné à chaque forme d’épuisement professionnel en fonction du facteur du ou des RPS qui en sont à l’origine.

Le burn-out, ou syndrome de l’épuisement professionnel 

La première de ces pathologies a avoir été identifiée, et la mieux connue, est le burn-out. Il se définit comme un « épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel. » 

Les origines du burn-out

Le burn-out est conceptualisé pour la première fois en 1975 par le psychiatre américain Freudenberger pour décrire l’épuisement au travail des professionnels de l’aide et du soin.

Les travaux de la psychologue Christina Maslach ont permis de concevoir le burn-out comme un processus de dégradation du rapport subjectif au travail à travers trois dimensions :

  • l’épuisement émotionnel
  • le cynisme vis-à-vis du travail ou dépersonnalisation (déshumanisation, indifférence)
  • la diminution de l’accomplissement au travail ou réduction de l’efficacité professionnelle

Les symptômes du burn-out

Phénomène malheureusement incontournable du monde du travail, le burn-out a été très étudié et on en connaît aujourd’hui bien les manifestations. La Haute Autorité de Santé établit la liste suivante :

Manifestations émotionnelles

Anxiété, tensions musculaires diffuses, tristesse de l’humeur ou manque d’entrain, irritabilité, hypersensibilité, absence d’émotion

Manifestations Cognitives

Troubles de la mémoire, de l’attention, de la concentration, des fonctions exécutives

Manifestations comportementales ou interpersonnelles

Désengagement progressif, baisse de la motivation et du moral, effritement des valeurs associées au travail, doutes sur ses propres compétences (remise en cause professionnelle, dévalorisation)

Manifestations Physiques non spécifiques

Asthénie (fatigue anormale), troubles du sommeil, TMS (lombalgies, cervicalgies, etc.), crampes, céphalées, vertiges, anorexie, troubles gastro-intestinaux

Ce que le burn-out n’est pas

Le burn-out n’est pas une catégorie propre des maladies psychiatriques mais une spirale dangereuse susceptible de conduire au basculement dans la maladie – dépression ou maladie somatique – et à la désinsertion sur le plan professionnel, social et familial. 

Selon les classifications médicales, le burn-out ne se caractérise pas par un diagnostic clinique unique et précis, faisant état à la fois de symptômes et de causes bien établis, d’où le fait que l’on parle de syndrome.

Le burn-out ne doit pas être confondu avec la dépression ou encore avec le workaholism, l’addiction au travail. Toutefois, ces différents concepts ne sont pas antinomiques et peuvent participer l’un de l’autre.

Le bore-out, ou l’épuisement professionnel par l’ennui

Le bore-out est une forme d’épuisement professionnel résultant d’un ennui chronique et caractérisé par :

  • un vécu négatif
  • un manque de stimulation
  • une sous-charge de travail

La différence entre bore-out et ennui professionnel

D’emblée, il faut distinguer l’ennui professionnel du bore-out et comprendre que ces deux termes ne sont pas dans une relation d’équivalence mais de conséquence.

  • L’ennui est un risque psychosocial dont les facteurs peuvent être le manque de stimulation ou une sous-charge de travail.
  • Le bore-out est une conséquence de ce risque psychosocial.

Ainsi le premier peut mener au second s’il est trop fréquent et/ou intense, mais ressentir de l’ennui au travail ne signifie pas que vous êtes systématiquement en bore-out.

L’historique du bore-out

Plus récent, le terme en lui même apparaît au milieu des années 2000 sous la plumes de deux consultants suisses (Rothlin et Werder) afin de nommer une situation d’ennui dans un contexte professionnel qui, dans une phase extrême, peut avoir des conséquences négatives sur le bien-être des salariés (turnover, dépression accidents, désengagement, etc.)

La définition se précise en 2015 et le bore-out se définit alors comme « un état psychologique négatif de faible enthousiasme qui se manifeste sous trois formes : une crise de sens au travail, l’ennui au travail et une crise de croissance » (ou, autrement dit, une faible capacité à évoluer professionnellement) (Stock).

Les variables reliées au bore-out 

Ces dernières années, plusieurs études ont permis de mieux comprendre les variables dont est composé le bore-out. À la fois causes et conséquences de ce dernier, voici la liste des symptômes d’un possible bore-out :

  • L’existence de tensions professionnelles (Chappelle, 2016)
  • la réduction des performances (Chappelle, 2016)
  • l’absentéisme (Chappelle, 2016)
  • La diminution de l’estime de soi, le sentiment de honte et de culpabilité (Hosy & Bourion, 2017)
  • l’augmentation du stress et de la dépression (Ozsungur, 2020)
  • la réduction de la prise en compte des besoins des clients (Karatepe & Kim, 2020)
  • la réduction des initiatives (Stock, 2015)
  • la réduction de la satisfaction au travail (Abubakar, 2019)

Mesurer son risque de bore-out : c’est désormais possible !

Les chercheurs en psychologie de Moodwork, nommément le Docteur Clément Poirier et la Docteure Margaux Gelin, associée à la Professeure Moïra Mikolajczak ont récemment développé une échelle de bore-out au travail.

Première de ce type à la fois développée en français et validée scientifiquement, elle permet d’évaluer votre niveau de risque face au bore-out grâce à 15 items qui prennent en compte les dimensions suivantes :

  • la sous-charge de travail,
  • la sous stimulation,
  • la culpabilité reliée au travail,
  • l’inadéquation de valeurs.

Elle est accessible librement et gratuitement !

Le brown-out, ou l’épuisement professionnel par la perte de sens

Le brown-out est la forme d’épuisement professionnel résultant d’une perte de sens au travail. 

Cette perte de sens est ici le RPS clef qui mène à cette pathologie : elle peut en effet aussi se rencontrer dans le bore-out mais, dans le cas de ce dernier, l’ennui demeure le risque principal.

À la différence du burn-out et du bore-out, le travailleur souffrant de brown-out reste fonctionnel et son mal-être peut être plus difficile à discerner car il participe d’une démission avant tout mentale.

Les bullshits jobs et les origines du brown-out

Concept plus récent que les autres, l’idée de brown-out a émergé suite aux travaux de l’anthropologue et professeur à la London School of Economics David Graebler qui a défini la notion de « bullshit jobs » que le français traduit de manière familière par « métiers à la con ».

La théorie de Graebler est que le capitalisme, au lieu d’aboutir à une baisse progressive du temps de travail grâce à la mécanisation et le progrès technique, donne au contraire naissance à une multitude de bullshit jobs, vides de sens, pour occuper les masses.

Les caractéristiques du brown-out

Parmi les symptômes du brown-out, on retrouve :

  • un sentiment d’absurdité et d’inutilité du travail à réaliser
  • une remise en question professionnelle et personnelle, souvent accompagnée d’une crise existentielle
  • une démotivation progressive et un sentiment de lassitude
  • une perte d’attention lors de la réalisation des tâches
  • une dégradation des relations professionnelles : repli sur soi, perte du sens de l’humour, cynisme, etc.
  • une diminution de l’estime de soi
  • une forte anxiété

Parmi les populations à risque identifiées, on retrouve les personnes possédant un certain niveau d’études et dont le travail ne sollicite pas ou peu les compétences et connaissances.

La question des valeurs

Lorsque la question du sens est impliqué, la question des valeurs est incontournable.

Les valeurs sont des croyances issues de l’éducation, de la culture et des expériences qui guident et donnent un sens aux actions, dont fait partie le travail, qu’un individu réalise. 

Définir ses valeurs n’est pas toujours chose aisée. Bien souvent, on en prend conscience lorsque notre environnement nous confronte à une situation qui heurte nos valeurs fondamentales, ce qui se traduit par un malaise immédiat.

Pourtant, identifier ses valeurs est essentiel, que ce soit pour se prémunir d’un brown-out ou pour s’en sortir. Pour cela, il existe des tests validés scientifiquement tels que le questionnaire des valeurs par portraits du psychologue Shalom H. Schwartz.

Son modèle comprenait initialement 10 valeurs fondamentales mais a été récemment revu et affiné et en comprend désormais 19, présentées ci-dessous.

Les 19 valeurs de Schwartz
Les 19 valeurs fondamentales du modèle de Schwartz, www.psychomedia.qc.ca

Des syndromes parfois difficile à démêler

Burn-out, bore-out et brown-out partagent certaines manifestations, et il peut être difficile de savoir de quoi elles sont le signe. Par exemple, l’anxiété, la démotivation, le désengagement, la perte de sens peuvent être impliquées dans les trois syndromes.

Pour faire la distinction, il est donc capital de se baser sur un faisceau d’indices.

De même, il est important de garder à l’esprit la différence entre facteurs de RPS, RPS et conséquences de RPS. Pour ne prendre que les manifestations les plus saillantes, être stressé, s’ennuyer ou traverser une crise de sens ne veut pas dire que vous êtes en burn-out, bore-out ou brown-out, mais cela peut y contribuer.

Il convient alors de demeurer vigilant, de s’informer et de se former sur ces sujets afin de pouvoir s’en prémunir au mieux !

Que faire si vous pensez être à risque de bore-out ou de burn-out ?

Pour vous aider dans votre démarche de prévention, les chercheurs en psychologie de Moodwork ont développé plusieurs tests afin d’évaluer votre niveau de risque face au bore-out et face au burn-out !

Tous deux sont validés scientifiquement et ont été établis dans le respect des méthodes rigoureuses et statistiquement fiables imposées par la psychométrie.

Et la meilleure nouvelle : ils sont accessibles à tous, librement et gratuitement !