Le présentéisme désigne initialement le simple fait d’être présent au travail. Depuis quelques années, il revêt néanmoins une connotation négative qui renvoie à différents types de comportements. Certains salariés vont ainsi rester au travail malgré le fait qu’ils aient terminé l’ensemble de leurs tâches. D’autres vont venir travailler malgré des problèmes de santé physique ou mentale. Comment expliquer ce phénomène ? Quelles en sont les conséquences ?

Le présentéisme : une certaine conception du travail

Présentéisme : le versant positif de l’absentéisme ?

S’il peut avoir de multiples raisons, le présentéisme s’explique en premier lieu par la conception du travail véhiculée dans l’entreprise. Certaines entreprises analysent en effet le présentéisme comme le versant positif de l’absentéisme. Celui-ci serait alors un bon indicateur de l’engagement et de l’implication des salariés. Faire acte de présence est alors encouragé, soit par un management par la peur, soit par une valorisation implicite des salariés. Ce type de comportement crée une culture du présentéisme que les salariés intègrent et relaient entre eux via des remarques culpabilisantes comme « Tu as pris ton après-midi ? » lorsqu’un collègue quitte le bureau à 17h.

Pourquoi est-on « présentéiste » ?

Ce type de climat pousse les salariés à faire acte de présence pour différentes raisons. Dans un contexte où le présentéisme est très souvent valorisé par les employeurs, rester tard le soir est un moyen de se faire bien voir, ce qui est particulièrement important dans un contexte d’insécurité de l’emploi et de compétition entre salariés. Certains salariés restent également plus longtemps au travail car ils pensent que leur présence est indispensable. Pour d’autres encore, l’investissement professionnel est tellement fort que ces personnes s’ennuient quand elles rentrent chez elles. La peur de surcharger ses collègues de travail peut également pousser au présentéisme. 

Le présentéisme, une particularité française

La France, championne européenne du présentéisme

Mais les raisons qui poussent au présentéisme vont parfois au-delà des valeurs de l’entreprise. D’après un rapport annuel du Chartered Institute of Personnel and Development (CIPD), 83 % des salariés européens ont déjà observé des cas de présentéisme, chiffre en nette augmentation. Et le pays champion toute catégorie de présentéisme est… la France, avec 62 % de salariés déclarant aller travailler même en étant malade ! Le présentéisme est donc bien plus présent en France que dans d’autres pays du monde.

L’importance accordée au travail en France

Ce phénomène semble ainsi mettre en avant une tradition de surinvestissement de la sphère professionnelle en France. Les Français accordent une place très importante à leur travail dans leur vie. Le travail est considéré par les Français comme une des principales manières qu’ils ont de se définir. La France est également le pays où aucune pathologie mentale n’est reconnue comme maladie professionnelle. De fait, les Français ont tendance à minimiser le potentiel négatif du présentéisme sur la santé.

Les conséquences sont pourtant nombreuses pour le salarié comme pour l’entreprise : maladie aigüe ou chronique, problèmes personnels extérieurs à l’entreprise, démotivation ou fatigue due à une surcharge de travail, un manque de reconnaissance, des relations conflictuelles dans le travail, etc. 

Le présentéisme : une conception du travail favorisant les RPS

Une tension entre subordination et implication

La conception du travail associée au présentéisme serait donc problématique. En effet, par principe, la personne salariée échange son temps contre de l’argent. Elle accepte d’être subordonnée à l’organisation en échange d’une sécurité de l’emploi.

L’entreprise « présentéiste » demande aujourd’hui au salarié, non seulement de bien faire son travail, mais aussi de montrer de l’engagement et de l’implication, notamment en restant tard ou en « ne comptant pas ses heures ». C’est cette tension entre ce rapport de subordination et ce que l’on cultive dans le rapport au travail (engagement et implication) qui est source de troubles psychosociaux.

Contre le présentéisme : favoriser un investissement sain

En France le travail semble régi par un rapport au temps et un rapport d’engagement particulier. L’engagement et l’implication du salarié dans son travail sont rendus visibles essentiellement par le temps passé sur son lieu de travail. Or évaluer le travail d’un salarié uniquement sur la base du temps passé dans l’entreprise peut poser de gros problèmes de sens du travail.

Dans ce cadre, favoriser un investissement sain dans le travail est l’un des principaux enjeux du moment en matière de Qualité de Vie au Travail. Entreprise comme salarié en ressortiront gagnants !

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Autrice : Anna Goï, étudiante en 2ème année de Master PSTO à l’Université Catholique de Lille

Quelques références