Cassandre et Matthieu, étudiants à l’emlyon business school, reprennent le flambeau de l’association Les Baroudeurs de l’Innovation Managériale pour la troisième édition. Le projet consiste à partir six mois dans treize pays du globe afin de découvrir les entreprises, les écoles et les communautés affranchies des méthodes classiques de management et mettant en oeuvre des pratiques innovantes en matière de Qualité de Vie au Travail. Nous les avons présenté dans notre précédent article et les retrouvons désormais dans la découverte du bien-être au travail en Malaisie !

Software Group, la confiance au coeur d’un management interculturel à succès

Software Group est une entreprise Bulgare qui aide les acteurs de la finance à réaliser leur transition digitale grâce à des logiciels adaptés. Elle est implantée dans 10 pays répartis sur les 5 continents et compte 300 employés. Aussi, elle fait face à de nombreux enjeux interculturels notamment en Asie. Alison, française installée à Kuala Lumpur, est chargée du développement du groupe dans cette région du globe. Elle revient avec nous sur les difficultés auxquelles elle est confrontée quotidiennement pour satisfaire l’ensemble de ses équipes multiculturelles, et les techniques qu’elle met en place pour y remédier.  

La hiérarchie, qui se trouve en Bulgarie, oblige l’entreprise à adapter sa manière de transmettre sa vision et ses valeurs aux collaborateurs à l’international. Pour ce faire, les managers régionaux jouent un rôle privilégié, celui d’intermédiaire, afin que toutes les équipes avancent au même rythme. La position d’Alison est donc particulièrement complexe, car ce n’est pas facile de faire coïncider la vision Bulgare avec les normes culturelles asiatiques. “Ils sont très cashs dans leur propos, ne passent pas par quatre chemins, surtout quand ils doivent critiquer et cela ne convient pas à la mentalité asiatique. Ils manquent de politiquement correct” explique t-elle. Nous l’avons constaté en Corée du Sud dans notre précédent article. L’art de la nuance, le choix des mots, la sensibilité des individus et le respect mutuel sont des piliers fondamentaux notamment pour les Malaisiens. Pour toutes ces raisons, notre interlocutrice doit systématiquement repenser la façon de communiquer aux collaborateurs les feedbacks négatifs des supérieurs européens. Le problème est extrêmement délicat lorsqu’elle s’adresse à des asiatiques de nationalités différentes. Les disparités sont grandes au sein de ce vaste continent, ce qui signifie que les manières d’interagir avec eux le sont tout autant : par exemple, parler d’une difficulté revient à avouer un échec pour certains. Ainsi, la confiance réciproque est un enjeu essentiel car elle semble être la seule solution permettant aux individus de se confier. Une relation de proximité est donc un prérequis au développement personnel et professionnel de chacun. Alison essaye au maximum d’assurer un partage d’expériences et de connaissances entre les membres des équipes éloignées géographiquement. À l’occasion de réunions hebdomadaires, les collaborateurs discutent de leurs réussites, de leurs échecs ou encore des difficultés quotidiennes afin que des solutions soient trouvées collectivement. Cet exercice leur permet de développer un esprit d’équipe et surtout un sens critique.

L’Asie du sud et de l’est est un marché en pleine explosion mais peu de personnes qualifiées souhaitent y rester. Les recruteurs ont du mal à trouver des talents et à les valoriser suffisamment pour les fidéliser. Plus que jamais, Alison doit être attentive aux aspirations de chacun. Son sujet de prédilection au moment des entretiens est le worklife balance, soit les propositions faites par l’entreprise pour favoriser une répartition équitable entre la vie privée et professionnelle des salariés. Les salariés semblent davantage attirés par le sens donné au travail plutôt que par le travail lui-même. Par ailleurs, les relations internes entre collègues et l’atmosphère générale sont mises à l’honneur afin de souder et satisfaire les équipes.

Mindvalley, 4 leviers pour accroître significativement la satisfaction des collaborateurs

Mindvalley est une académie qui donne accès à des cours et des conférences en ligne traitant cinq grandes thématiques : “carrière et influence”, “mode de vie et productivité”, “l’âme et l’esprit”, “santé et fitness” et “amour et relation”. Les intervenants sont reconnus dans le monde entier pour leurs connaissances et leur expérience. Créée en 2003, elle comptabilise désormais 200 collaborateurs originaires de 46 pays différents. L’organisation est devenue une référence mondiale en termes de culture d’entreprise, d’innovation managériale et d’éducation pour le futur. Aussi, Mindvalley doit faire preuve plus que quiconque d’exemplarité à l’égard de ses propres salariés et lutter contre la fuite des cerveaux qui frappe le pays. Rencontre avec Lu Xanne, coach et chargée du développement de la culture d’entreprise, inventée initialement par le fondateur Vishen Lakhiani qui avait pour adage “on ne change pas les choses en luttant contre ce qui existe : pour changer quelque chose, il faut construire un nouveau modèle qui rendra l’ancien obsolète.” Les baroudeurs nous confient pour la première fois : “Nous avons adoré Mindvalley et avons eu le sentiment de découvrir l’entreprise rêvée. Elle est pour l’instant l’entreprise la plus disruptive et novatrice que nous avons rencontré au cours de notre voyage.”

Vishen Lakhiani s’est aperçu que les choix des entreprises ne sont pas rationnels mais imitent  simplement ce qui a toujours été la norme. Ainsi, il identifie 4 leviers majeurs qui permettent d’accroître significativement la satisfaction des salariés : 1. Le développement personnel. 2. Le bonheur. 3. L’abondance. 4. Le sens. Premièrement, l’académie recrute des attitudes positives (dynamisme, altruisme) plutôt que des compétences. Deuxièmement, elle accorde une importance particulière aux interactions, à la reconnaissance sociale et à la ludification du travail (l’amitié au travail booste la productivité). Troisièmement, elle met à disposition un incubateur où chacun peut décider d’entreprendre un projet qui lui tient à coeur et ainsi réaliser une aspiration personnelle. Par ailleurs, tout le monde peut prendre part à l’amélioration de l’entreprise en donnant des idées. Cela stimule la co-créativité, l’intuition et rend les salariés acteurs de transformation. Enfin, le sens donné au travail est possible si les collaborateurs adhèrent aux missions et valeurs de l’entreprise tout en y ajoutant une touche personnelle.

Les baroudeurs concluent sur le fait que leur interlocuteurs ont tous été unanimes au moins sur un point : la culture confucéenne est prépondérante dans les pratiques managériales des entreprises asiatiques. Les populations vivant sur ce continent n’ont pas une vision linéaire mais cyclique du temps, ce qui en fait un atout pour les salariés. Ceux-ci peuvent se questionner et recommencer régulièrement de zéro pour s’améliorer sans cesse et produire ce qu’il y a de mieux. Davantage passifs, les asiatiques sont moins agressifs et compétitifs que les occidentaux. Le respect, la confiance et l’écoute sont les fondements indiscutables d’une équipe où les collaborateurs se sentent bien, puisque la force réside dans le collectif et pas dans l’individuel. Une vraie source d’inspiration, donc, pour les entreprises du nord du globe !